Le mianzi par-dessus tout

2016-02-11 11:42
中国与非洲(法文版) 2016年1期



Le mianzi par-dessus tout

« Mianzi » est un mot important et intéressant en mandarin, qui a évolué à partir de son sens littéral pour devenir notamment un synonyme de « dignité ». Plus encore, il représente un concept significatif fermement enraciné dans la société chinoise. Dans leurs rapports à l’autre, les Chinois sont très attachés à leur dignité et à leur supériorité qui, espèrent-ils, leur apporteront le respect qu’ils méritent. Sinon, ils « perdent la face ».

Le célèbre écrivain chinois, Lu Xun, a dit que la face était la composante majeure de la morale chinoise. On peut y voir une correspondance avec la natte que tout le monde portait sous le règne mandchou. Saisi par la natte, personne ne pouvait plus bouger d’un pas et se retrouvait complètement sous le contrôle d’un autre. Selon les mots de Lin Yutang, un maître de la culture chinoise, l’une des caractéristiques de la nation chinoise est la valeur qu’elle porte à l’humanité et au respect des autres. Aucune humiliation n’est plus insupportable que de heurter les sentiments. C’est la même chose que lors d’un duel entre deux occidentaux. Montrer du respect envers les autres et attendre des autres qu’ils fassent la même chose constituent en Chine un rite et une règle d’échanges dans la vie de tous les jours.

Les intellectuels occidentaux ont apporté quelques remarques sur le mianzi chinois. Dans Caractéristiques chinoises, Arthur Henderson Smith (1845-1932) en parle au premier chapitre : « En Chine, le mianzi est un nom collectif complexe, qui possède bien plus de connotations que nous ne pouvons en décrire ou en comprendre. C’est la clé pour découvrir de nombreuses caractéristiques importantes de la nation chinoise. »

Le mianzi est un maillon important du réseau social chinois. Les Chinois sont très attachés à cette notion et la poursuivent inéluctablement. Un proverbe dit : « Une personne de principe préfère mourir que d’être humiliée. » Pour défendre sa dignité, une personne serait prête à donner sa vie, sans parler des autres efforts.

Xiang Yu, un général ambitieux de la dynastie des Qin (221-206 av. J.-C.), en est un exemple. Après une défaite cruciale, il aurait pu prendre un bateau et fuir vers sa ville natale. Mais sa honte l’empêchant de se montrer devant compatriotes, il se suicida. Sa mort sauva sa dignité et en fit une figure révérée de l’histoire. Cela montre que pour les Chinois, la face pèse bien plus que la vie.

Les choses ont toujours deux aspects. Parfois, sauver la face signifie préserver sa dignité personnelle ou la dignité nationale et cela implique tous les efforts possibles. Mais dans certains cas, les efforts bornés juste pour l’amour de cette face peuvent mener à des souffrances indicibles. Dans la dynastie des Qing (1644 - 1911), la civilisation agricole chinoise avait atteint un niveau relativement élevé. Avec une confiance arrogante dans le pouvoir du pays, des ressources abondantes et un vaste territoire, la cour des Qing méprisait toute idée d’échange avec les autres et instaura une politique d’autarcie. Du fait de cette décision, la Chine manqua de grandes opportunités dans l’histoire moderne pour le progrès social.

L’importance de la face est un phénomène typique de la culture chinoise. L’établissement et le maintien de relations sociales favorables sont importants pour le développement individuel. De fait, les Chinois sont relativement attentifs aux opinions et aux sentiments des autres.

Pour les Chinois, le mianzi représente un art de la communication sociale. La face de quelqu’un peut être grande ou petite, mais son mianzi est déterminé par son statut social. Généralement, plus le statut et le rang qu’il occupe sont élevés, plus le respect qu’il reçoit est important. Bien entendu, les gens du commun sont également très attentifs au mianzi et ont leur propre dignité. Il est hautement recommandé de leur donner du mianzi et de respecter leur dignité et leurs traditions culturelles.

ExtraitdeTheWayWeThink:ChineseViewofLifePhilosophy,publiéchezSinolinguaPress