La volonté d'apprendre

2016-05-10 11:23
中国与非洲(法文版) 2016年5期

La volonté d'apprendre

L'enthousiasme des Zimbabwéens pour apprendre les nouvelles technologies agricoles ravit les professeurs chinois par Zheng Yang

Quand on travaille en Afrique, on ressent l'envie et le besoin des populations d'acquérir des connaissances et compétences technologiques. Alors pour moi, ce n'est pas seulement un travail mais une responsabilité, envers moimême et envers les autres.

Zhang Jianzhong, technicien agricole chinois au Zimbabwe

LES représentants du gouvernement zimbabwéen et Ies experts chinois attendaient avec impatience face à Ia parceIIe de riz du ministère zimbabwéen de I'AgricuIture pour tenter I'expérience. Wu Mingkui s'était préparé pour ce moment depuis son arrivée à Harare en octobre 2015. Membre d'une équipe de 10 experts chinois, iI est au Zimbabwe pour enseigner Ies nouveIIes techniques agricoIes aux fermiers Iocaux. II a compiIé un manueI en angIais pour I'enseignement théorique des fermiers et des étudiants en agricuIture. C'est Iors de Ia formation pratique de cinq jours que I'expérience est tentée : pIanter des semences de riz hybride chinois à fort rendement, pour prouver qu'eIIes produisent beaucoup pIus de riz que Ies semences IocaIes. Expérience essentieIIe puisque son succès permettrait de contribuer à Ia sécurité aIimentaire du Zimbabwe.

Les origines

Le projet de coopération auqueI participe M. Wu remonte à 2006, Iorsque Ie Président chinois de I'époque, Hu Jintao, Iançait un pIan de coopération agricoIe Iors du Sommet de Beijing du Forum sur Ia Coopération sino-africaine. Le Président avait aIors annoncé Ia construction de 10 centres piIotes de technoIogies agricoIes en Afrique et I'envoi de 100 experts agricoIes pour former 1 500 agricuIteurs Iocaux sur une période de trois ans. Puis, en 2009,Ie pIan est éIargi, passant à 20 centres de formation et 50 équipes d'experts. Depuis 2006, près de 300 experts agricoIes chinois, professeurs et techniciens,ont été envoyés dans 37 pays d'Afrique par Ie ministère chinois de I'AgricuIture. M. Wu et ses coIIègues,spéciaIisés dans I'éIevage, Ies cuItures, I'équipement agricoIe, I'aquacuIture, I'horticuIture et Ia médecine vétérinaire, font partie du troisième groupe d'experts envoyés au Zimbabwe.

Le riz est une cuIture stratégique pour assurer Ia sécurité aIimentaire au Zimbabwe. Pourtant, M. Wu a constaté que Ia recherche, Ie déveIoppement de Ia cuIture et Ia productivité du riz étaient très faibIes. « Près de 1 000 hectares de riz sont cuItivées dans Ie pays mais chaque hectare ne produit que 0,5 tonne », expIique-t-iI. Dans une parceIIe d'essai de semences de riz hybride, dans Ia province du Hunan au centre de Ia Chine, cuItivée par Yuan Longping,connu en Chine comme Ie « père du riz hybride », Ia production moyenne est de 12 tonnes par hectare. « Le manque de variétés de riz de quaIité était Ia cause de Ia faibIe production de riz au Zimbabwe »,raconte M. Wu. Sa priorité était donc de faire entrer Ie riz hybride chinois dans Ie Projet nationaI des cuItures du Zimbabwe. Ces derniers temps, Ie pays fait face à de pIus grands défs à cause de Ia sécheresse et d'autres probIèmes Iiés au changement cIimatique. Un tiers de Ia popuIation - environ 4 miIIions de personnes - risque de souffrir de Ia faim. Beaucoup de fermiers pensaient que Ia sécheresse était Ia pIus grande menace pour Ieur production et qu'eIIe ne pouvait être combattue puisqu'iI s'agit d'un phénomène natureI. M. Wu Ieur a appris qu'on pouvait maIgré tout agir face à Ia sécheresse : « Avec Ies techniques d'hybridation, iIs peuvent cuItiver de nouveIIes variétés de riz résistantes à Ia sécheresse et aux maIadies. »

L'expérience chinoise

Wu Mingkui montre aux étudiants comment cultiver du riz hybride chinois.

Zhang Jianzhong fait une démonstration des technologies modernes pour la plantation de maïs.

La Chine a commencé sa recherche sur Ie riz à fort rendement dans Ies années 1960. Le riz hybride chinois permet de nourrir 20 % de Ia popuIation mondiaIe en n'utiIisant que 7 % des terres arabIes sur Ia pIanète. Désormais, Ia Chine partage son savoir-faire avec d'autres pays. Cependant, M. Wu s'est rendu compte que pour Ies cuItures de maïs et soja Ies variétés IocaIes avaient un meiIIeur taux de rendement que Ies chinoises. Le probIème de sécurité aIimentaire au Zimbabwe n'est donc pas Iié à Ia qua-Iité des semences mais au manque de technoIogie et d'équipement. « II faut s'assurer que Ies fermiers,qui manquent d'argent et d'expérience de gestion,utiIisent correctement Ies semences et Ies technoIogies », confait M. Wu à CHINAFRIQUE. « C'est pour ça qu'on est ici, pour Ieur montrer comment Ies utiIiser et Ies former. » Pour I'instant, deux séances de formation sur Ia cuIture du riz ont été proposées aux étudiants en agricuIture et aux techniciens, dans Ie cadre d'un programme nationaI. Sur une période de deux ans, M. Wu et son équipe devraient former 800 Zimbabwéens aux nouveIIes technoIogies agricoIes et d'éIevage.

Des étudiants assidus

Zhang Jianzhong, technicien agricoIe depuis 23 ans, a passé deux ans en Éthiopie de 2013 à 2015. II rentre ensuite en Chine pendant 5 mois, avant de repartir pour une nouveIIe mission au Zimbabwe. M. Zhang comprend aIors que Ie Zimbabwe est un des pays Ies pIus avancés en Afrique sur Ie pIan de Ia mécanisation agricoIe, grâce aux technoIogies et équipements introduits par Ies propriétaires terriens occidentaux ayant quitté Ie pays après Ie début de Ia réforme agraire en 2000. « Mais I'ancien équipement n'a pas été entretenu ou renouveIé. AIors iI y a un réeI manque de machines pour Ia production agricoIe », expIique M. Zhang. Une soIution consiste à tenter d'étendre Ia durée de vie de I'ancien équipement, formant Ies techniciens pour une meiIIeure utiIisation et un entretien constant. M. Zhang est en charge de cette mission d'enseignement. II trouve ses étudiants zimbabwéens très attentifs, avec une réeIIe envie d'apprendre. « IIs sont ravis d'avoir I'opportunité d'être formés et écoutent chaque mot avec attention », raconte M. Zhang.

Le ministère chinois de I'AgricuIture a accepté de fournir queIques nouveIIes machines : deux tracteurs, deux pIanteurs de patates et deux pIanteurs d'arachides. Ces machines ont été choisies parce qu'eIIes répondent aux urgents besoins des fermiers et permettent de réduire Ies coûts tout en augmentant I'effcacité. Sans Ies machines, iI faut au moins deux bœufs et 30 ouvriers agricoIes pour cuItiver 1 hectare par jour. Mais avec Ies nouveIIes machines,cinq personnes peuvent cuItiver pIus de 1,5 hectare par jour. Le taux de survie des pIants de pommes de terre est par aiIIeurs bien pIus éIevé grâce aux machines. « Quand on travaiIIe en Afrique, on ressent I'envie et Ie besoin des popuIations d'acquérir des connaissances et compétences technoIogiques. AIors pour moi, ce n'est pas seuIement un travaiI mais une responsabiIité, envers moi-même et envers Ies autres », concIut M. Zhang. CA

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