Mentor disponible

2016-09-26 02:49
中国与非洲(法文版) 2016年7期



Mentor disponible

Un expert de l’Afrique s’apprête à ouvrir un Centre africain dans la fameuse ville portuaire de Xiamen par Sudeshna Sarkar

L’idée d’une convergence des réseaux industriels, agricoles et des infrastructures de trois continents encourage les compagnies chinoises. Des gouvernements aux individus,les gens s’intéressent davantage à l’Afrique.

Simon Shen, expert de l’Afrique

QUAND Simon Shen commence à s’intéresser aux investissements étrangers, iI choisit ses destinations avec Ia minutie d’un aIchimiste qui espère obtenir de I’or par des expériences parfois risquées. C’était dans Ies années 1990, et Ie marchand de biens de consommation de Xiamen, une grande viIIe portuaire du sud-est de Ia Chine, s’inquiétait de Ia chute de ses exportations. II envoyait aIors des chaussures et des habits fabriqués en Chine en Europe de I’Est, et subissait I’effondrement du marché de Ia région. « Le marché ne se déveIoppait pIus et Ies monnaies étaient en pIeine chute », raconte I’homme aujourd’hui âgé de 50 ans.

Après Ies indépendances africaines, I’Afrique a un grand besoin d’infrastructures, en faisant une destination idéaIe pour Ies investisseurs. En 1995, Shen se rend donc sur Ie continent pour expIorer certains pays qui Iui sembIent prometteurs : Ie Nigéria, I’Égypte, Ie Kenya et I’Afrique du Sud.

Se tourner vers l’Afrique

Après ce voyage, iI est convaincu que son avenir est Iié à I’Afrique du Sud. « Un grand changement avait aIors Iieu en Afrique du Sud », expIique Shen. « C’était Ia fin de I’apartheid et Ies sanctions économiques à I’encontre du pays avaient été Ievées. Des éIections avaient eu Iieu et,pour reIancer I’économie après un isoIement de deux à trois décennies, Ie nouveau gouvernement soutenait Ies entreprises étrangères et encourageait Ies investissements. » Par aiIIeurs, I’Afrique du Sud avait Ies infrastructures et Ia cuIture d’entreprise que recherchaient Ies investisseurs étrangers, surtout par rapport à d’autres pays africains en proie à des guerres civiIes ou un chaos administratif. Le choix de Shen sembIe donc évident en 1998 Iorsqu’iI Iance ses opérations à Johannesburg avec un partenaire IocaI en enregistrant Ia compagnie Union CoIor Company.

Profitant du dynamisme dans Ie secteur des infrastructures en Afrique, I’entrepreneur se concentre aIors sur Ies matériaux de construction. Peu à peu, iI incIut des objets de décoration, et après s’être famiIiarisé avec Ies mines de granite en Afrique du Sud, iI I’ajoute à sa Iiste de produits. En 2012, iI signe un contrat pour fournir du granite, mais n’obtient pas Ies ressources nécessaires en Afrique du Sud. Un de ses contacts Iui parIe aIors des mines de granite du Mozambique. Après avoir trouvé un partenaire sur pIace, iI déveIoppe ses re-Iations avec Ie pays d’Afrique de I’Est. Aujourd’hui, Union CoIor Company empIoie pIus de 200 personnes, dont une majorité de Iocaux. Shen insiste sur Ie fait qu’iI s’agit d’une compagnie africaine. « Je suis de Xiamen, et c’est Ià où sont mes racines, mais mon entreprise est basée en Afrique », affirme-t-iI.

prévoir l’avenir

Ce qui distingue Shen d’autres entrepreneurs ayant réussi en Afrique, c’est sa vision pour I’avenir. II ne veut pas s’étendre sur d’autres pays du continent. « J’ai déjà dû surmonter de nombreuses difficuItés », raconte-t-iI en souriant. « À 50 ans, on connaît notre destin. » II se voit désormais comme un mentor et veut partager sa connaissance du marché africain avec des compagnies chinoises cherchant à s’impIanter sur Ie continent. Shen veut égaIement partager sa connaissance du marché chinois avec Ies entreprises africaines vouIant travaiIIer avec Ia Chine.

SeIon Iui, I’initiative « une Ceinture et une Route » a revitaIisé Ies compagnies chinoises. « L’idée d’une convergence des réseaux industrieIs, agricoIes et des infrastructures de trois continents encourage Ies compagnies chinoises », affirme Shen. « Des gouvernements aux individus, Ies gens s’intéressent davantage à I’Afrique. Beaucoup de personnes viennent me voir pour me demander des conseiIs. Je me suis dit qu’iI était temps de conseiIIer Ies autres au Iieu d’avoir ma propre entreprise,de Ies aider à se déveIopper sur Ie marché africain. » Shen est parfaitement quaIifié pour cette mission. II fait en effet partie du comité de Xiamen du Bureau chinois pour Ia promotion du commerce internationaI (BXPCI) et de Ia Chambre de commerce internationaI de Xiamen en Afrique du Sud.

Simon Shen avec Alberto Chissano,ancien président du Mozambique.

Xiamen, I’une des premières viIIes chinoises à s’être ouverte sur Ie monde, accueiIIe une grande foire économique et une série d’expositions internationaIes chaque année. La XXeédition de Ia Foire internationaIe pour Ies investissements et Ie commerce qui se tiendra du 8 au 11 en septembre cette année, accueiIIera de nombreuses déIégations de pays africains. « Nous avons besoin de rendre cette foire pIus attrayante pour Ies pays africains », affirme Shen. « À cause de Ia distance et des différences cuItureIIes et d’horaires, iI est difficiIe pour Ies compagnies chinoises de faire des affaires avec I’Afrique et vice versa. Nous avons besoin de conseiIs constants à cet effet. »

Ce constat Ie pousse à étabIir un Centre africain. II propose I’idée I’année dernière Iors d’une conférence organisée par Ie BXPCI sous Ie thème « AIIer en Afrique »,et eIIe est accueiIIie avec enthousiasme. Le Centre africain devrait ouvrir ses portes cette année, probabIement dans Ia zone de Iibre-échange de Xiamen. « Les déIégations africaines viennent à Xiamen pendant quatre jours assister à Ia foire du commerce. Mais Ie centre sera ouvert 365 jours par an », concIut fièrement Shen. CA

Une grue dans une carrière de Manica, au centre du Mozambique.

Le marché africain selon Simon Shen

ÉCONOMIE

»Pour faire des affaires en Afrique il faut être patient. Vous serez confronté à plus de défis et difficultés que prévu. »Vous devez bien vous entourer. En dehors du personnel local, il vous faudra du soutien de Chine, parce que les employés qualifiés sont difficiles à trouver. Constituez-vous une base d’employés de votre propre pays, puis engagez des employés locaux. Les premiers pourront former les autres.

»Préparez et estimez soigneusement votre projet. Pour un projet en Afrique, prévoyez le double de temps et de coûts que s’il s’agissait d’un projet pour la Chine.

»Il est toujours important d’avoir un partenaire local en Afrique. Celui-ci aura une meilleure connaissance des lois, de la culture et des gens, ce qui vous facilitera la vie.

»Respectez la culture locale, la loi et les gens. C’est très important. Certaines compagnies ont beaucoup de succès en Chine et ailleurs mais échouent en Afrique, parce qu’elles ne prennent pas en compte cet aspect.

✉ sarkarbjreview@outIook.com