Des exportations fl orissantes

2017-11-23 03:31LesexportationsnyanesdefruitsetgumesenChineprogressentrapidementparGitongaNjeru
中国与非洲(法文版) 2017年10期

Les exportations kényanes de fruits et légumes en Chine progressent rapidement par Gitonga Njeru

Des exportations fl orissantes

Les exportations kényanes de fruits et légumes en Chine progressent rapidement par Gitonga Njeru

La Chine possède un grand marché pour les fl eurs coupées.

JOSCAN Makau et son épouse sont horticulteurs au Kenya depuis de nombreuses années et ils ont récemment trouvé de nouveaux débouchés.

Installés à Kutumani, dans le district de Machakos(est du pays), ils détiennent aussi l’entreprise Macau Fruits Ltd. , et se tournent désormais vers l’Asie. « Mis à part les exportations vers l’Europe, je privilégie aussi la Chine, dit-il. Dans notre ferme de 14 hectares, nous cultivons des mangues, des choux frisés, des bananes,des carottes miniatures et de l’amarante. » Leurs bénéfi ces peuvent atteindre 100 000 doIIars par an et Ieurs clients sont principalement des restaurants et trois chaînes de supermarchés chinoises, alors qu’en Europe occidentale, il fournit surtout l’enseigne Carrefour.

D’après la Chambre de commerce et d’industrie du Kenya (CCIK), la transition de l’Europe vers la Chine pour les exportations horticoles s’amorce clairement.Kiprono Kittony, président de la CCIK, relevant du ministère de l’Industrie, du Commerce et des Coopératives du pays, a déclaré que les statistiques montraient que les exportations pourraient à l’avenir entièrement dépendre du marché chinois. « Les restrictions com-merciales en vigueur dans l’Union européenne sont immenses. Malgré les opportunités qu’ont les exportateurs de se faire pas mal d ’argent en exportant là-bas,les restrictions commerciales légales l’emportent et continuent de les décourager. »

Les fl eurs coupées, utiIisées pour Ies mariages et Ies enterrements, sont en tête des exportations horticoles vers Ia Chine. Parmi Ies fl eurs cuItivées au Kenya, on trouve les roses, les œillets et les glaïeuls, qui viennent du centre et de l’est du pays, ainsi que de certaines parties des provinces de la vallée du Rift. La Chine importe aussi de nombreuses variétés de fruits et légumes du Kenya.

La Chine, un marché prometteur

« L’Union européenne a un système de quota qui limite la quantité de produits agricoles que vous pouvez exporter », explique M. Kittony, disant que c’était moins le cas en Chine. Un avantage supplémentaire, c’est que Kenya Airways et China Southern Airlines, qui relient directement la Chine et le Kenya, facilitent le transport de denrées périssables.

M. Kittony a conf i rmé que Ia vaIeur totaIe des exportations de produits horticoles kenyans vers la Chine entre janvier et juillet 2017 avait atteint 320 millions de dollars, soit 16 fois plus qu’en 2015. « Une étude de marché sur le comportement des consommateurs a été menée en Chine début 2015. Elle a souligné que Ies Chinois sont de gros consommateurs de fl eurs pour les nombreux événements culturels », a-t-il précisé,ajoutant que l’étude avait aussi montré que les Chinois consommaient de grandes quantités de fruits et de légumes. « Le gouvernement kenyan a aussi engagé des discussions bilatérales avec le gouvernement chinois pour supprimer une taxe à l’importation de 4 % », a expliqué M. Kittony, qui est aussi vice-président de la Fédération mondiale des chambres de commerce.

Des opportunités pour les agriculteurs

Le Kenya est l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de produits horticoles. Les exportations totales ont atteint 1,8 milliard de dollars l’an passé, selon le Bureau national des statistiques du Kenya. Le pays est le premier exportateur mondial de roses coupées vers l’Union européenne, sa part de marché en 2016 atteignant 38 %.

« Traditionnellement, 90 % des exportations vont vers l’Union européenne, mais les barrières commerciales dans l’Union européenne découragent les exportateurs », a fait savoir Germano Mwabu, économiste à la Banque mondiale et professeur d’économie à l’Université de Nairobi. Il a souligné que cette transition, des marchés européens vers la Chine, en avait surpris beaucoup. « Ce changement rapide est de toute évidence dû à la politique étrangère de la Chine vis-à-vis des pays africains. Les politiques étrangères européennes prof i tent principaIement à Ieurs citoyens et les protègent. C’est pourquoi l’Afrique se tourne vers la Chine comme vers un frère », a souligné M. Mwabu.

À cette transition s’ajoute l’accès à des sources de fi nancement aux agricuIteurs. SeIon M. Mwabu,le montant des prêts aux agriculteurs kenyans pour faciliter leur entrée dans le secteur des exportations de produits de l’horticulture a doublé depuis 2014 et les agriculteurs voient maintenant les résultats. « Beaucoup de gens ont réalisé qu’il y avait des débouchés pour l’horticulture. Mais d’abord, vous devez prouver qu’il existe des marchés aux établissements prêteurs avant d’obtenir un crédit. Les garanties ne sont jamais suff i santes. Le montant des prêts attribués jusqu’à présent a atteint 900 millions de dollars. » Et d’ajouter que la Banque mondiale va aussi lancer un programme de subventions à l’agriculture l’an prochain entre 5 000 et 300 000 dollars.

D’après le Bureau national des statistiques du Kenya, cette transition vers le marché chinois a créé plus de 18 000 emplois directs depuis janvier 2016.Par ailleurs, 69 micro-entreprises d’exportation ont été établies et les banques sont disposées à proposer des crédits aux horticulteurs.

« Fin 2017, début 2018, les exportateurs prévoient d’organiser un symposium à Beijing pour discuter des déf i s et des opportunités, et des moyens d’avancer,a indiqué Joscan Makau, un agriculteur. Il n’y a pas de système de quota en Chine, comme c’est le cas dans l’Union européenne. Il y a donc des opportunités. »

Des perspectives d’avenir

M. Kittony souhaite que davantage d ’entreprises d ’exportation de produits de l’horticulture se créent dans un contexte où la Chine continue d’ouvrir son marché à l’Afrique. « Les restrictions pour les visas en Chine ne sont pas aussi rigoureuses que celles mises en place par les pays européens », a indiqué M. Kittony.

Il s’interroge par ailleurs pour savoir si à l’avenir,des agriculteurs chinois s’établiront au Kenya et exporteront leurs produits en Chine. « Les politiques agraires dans le cadre des lois kenyanes ont déjà été instituées et les étrangers peuvent acquérir des terres.Je souhaite que davantage de Chinois s’installent ici et travaillent avec les citoyens kenyans », a dit M. Kittony,laissant entendre que tout était possible.

Plus de 50 % des exportations agricoles kenyanes sont composées de produits de l’horticulture, a-t-il ajouté, disant que le Kenya exportait aussi du thé, de la viande de bœuf et de crocodile, du café et du textile vers la Chine. Le Kenya souhaite aussi exporter de la viande d’impala et d’autruche en Chine l’an prochain.Une dizaine d’autres pays africains exportent des

produits de l’horticulture, comme l’Afrique du Sud, le Nigéria et la Namibie. CA

(Reportage du Kenya)