Creuser plus avant la coopération

2017-11-23 03:31LespremiresfouillessinogyptiennesmarquentunetapeimportantedansleveloppementdearchologiechinoisetrangerparFranoisDub
中国与非洲(法文版) 2017年10期

Les premières fouilles sino-égyptiennes marquent une étape importante dans le développement de l’archéologie chinoise à l’étranger par François Dubé

Creuser plus avant la coopération

Les premières fouilles sino-égyptiennes marquent une étape importante dans le développement de l’archéologie chinoise à l’étranger par François Dubé

POUR Gao Wei, déterrer des trésors enfouis n’a rien d’extraordinaire : cela fait partie de son quotidien.L’archéologue chinois a participé à d’innombrables fouilles aux quatre coins du pays. Mais lorsqu’il mentionne la chance qu’il aura de creuser le sol de l’Égypte à la recherche des vestiges des pharaons, ses yeux s’illuminent.

« Des opportunités de collaborer avec des archéologues étrangers, comme celles-ci, sont inestimables.Bien que je sois égyptologue de formation, je n’ai jamais eu la chance de travailler en Égypte. Et mon équipe et moi-même sommes très enthousiastes à l’approche de ce premier projet de coopération avec l’Égypte », a-t-il dit à CHINAFRIQUE.

En effet, Gao Wei est membre de l’équipe chinoise qui participera aux premières fouilles sino-égyptiennes qui débuteront en octobre. Il fera partie des premiers archéologues chinois à pouvoir découvrir les secrets de l’ancienne capitale pharaonique de Thèbes, située au sud de l’Égypte à Louxor.

Bien que nous ayons une foule de documents et de livres, pour les archéologues, rien ne peut remplacer le fait d’être présent sur le terrain, de s’immerger dans l’atmosphère du site et de tâter de nos propres mains la véritable histoire égyptienne », livre Gao.

Cette mission permettra ainsi à l'archéologue de réaliser un rêve de longue date, mais marquera également un jalon important dans le développement de l’archéologie chinoise à l’étranger.Wang Wei en Égypte.

Le temple de Karnak à Louxor.

Gao Wei et Wang Wei devant la Grande Pyramide de Gizeh.

Un enjeu historique

Il y a environ 250 missions archéologiques internationales en Égypte, dont 11 dans la seule ville de Louxor,selon le ministère égyptien des Antiquités. Aucune,jusqu’à maintenant, n’impliquait des archéologues chinois.

« Cela nous a convaincu que l’internationalisation est une tâche pressante qui doit être accomplie pour l’avenir de l’archéologie chinoise, explique Wang Wei,directeur du Centre de recherche pour l’archéologie chinoise à l’étranger. Nous avons maintenant la possibilité de sortir de nos frontières et d’aider les autres pays avec des fonds, des technologies et des compétences. »

Aff i Iié à I’Institut d’archéoIogie de I’Académie chinoise des sciences sociales (ACSS), le centre a pour but d’accroître le rôle et la place de la Chine dans l’archéologie mondiale. Les résultats sont déjà probants :au cours des dernières années, la Chine a eu l’occasion d’envoyer ses meilleurs experts dans une dizaine de pays pour participer à de fouilles communes, notamment en Inde, au Honduras et au Kenya.

« C’est une bonne chose pour l’archéologie chinoise, car nous pouvons observer nos pairs et comparer nos pratiques, ce qui améliore considérablement notre savoir-faire. C’est une expérience très enrichissante », dit Gao.

En 2010, une équipe de onze archéologues chinois s’était rendue au Kenya pour participer à la recherche de l'épave du navigateur Zheng He de la dynastie des Ming (1368-1644). La contribution de l’équipe chinoise à l’arpentage sous-marin lui a d ’ailleurs valu une certaine reconnaissance.

Des attentes élevées

Les homologues égyptiens ont des attentes similaires pour les fouilles qui auront lieu autour du complexe du temple de Karnak à Louxor.

« La Chine possède la technologie pour découvrir de nouveaux monuments et manipuler les actefacts,Elle possède aussi une expérience dans le domaine de la restauration, de l’exposition et de la protection des monuments et du patrimoine », détaille Mohamed Hassan Abdel Fattah, directeur de la documentation archéologique au ministère des Antiquités, évoquant la télédétection à trois dimensions et les technologies radar qui pourront être utilisées pour découvrir les tombes royales encore enfouies sous les sables.

« Le ministère égyptien des Antiquités s’est montré très ouvert à l’égard de l’application de nouvelles techniques, et il combine les méthodes de travail des différents pays. Nos techniques se sont révélées eff i caces dans I’archéoIogie chinoise. Nous verrons si elles donneront des résultats similaires en Égypte »,ajoute Gao.

Bien que la Chine soit l’un des derniers arrivés dans I’égyptoIogie, Ies membres de I’équipe sont conf i ants.

« Nous sommes d’abord dans une optique d ’apprentissage, car nous pensons que l’on peut apprendre beaucoup de cette coopération.

De plus, la coopération sur le terrain pourra éventuellement ouvrir de nouveaux canaux pour des relations plus importantes entre les archéologues des deux pays. En effet, l’archéologie ne consiste pas seulement à révéler les mystères du passé, mais aussi à transmettre un savoir, précise encore Fattah à CHINAFRIQUE, ajoutant que les domaines de la muséologie, de la culture et de la formation offrent de larges perspectives de coopération.

Cela est conforme à l’esprit de la mission de Gao et de ses collègues de l’équipe archéologique chinoise,dont l’objectif est « non seulement de déchiffrer la civilisation chinoise, mais aussi de contribuer avec leur sagesse à élucider les mystères non résolus dans l’étude de la civilisation mondiale. » CA

(Reportage de Louxor, Égypte)

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