Un partenariat BRICS-Chine-Afrique

par Garth Shelton

Les économies chinoise et africaine sont hautement complémentaires et si elles sont gérées correctement,elles pourraient parvenir à un résultat économique mutuellement bénéfique sur le long terme

L ’essor économique de la Chine et le regroupement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont apporté au continent africain une série de nouveaux partenaires de développement, mais également des opportunités sans précédent dans son histoire postcoloniale. L’engagement stratégique de l’Afrique avec les BRICS offre une opportunité unique de promouvoir une voie nouvelle et innovante de développement.Les programmes d’investissement et de développement des infrastructures des BRICS devraient permettre de renforcer et de promouvoir une croissance économique continue en Afrique, par le biais d’un processus étendu de coopération Sud-Sud.

En tant qu’unique membre africain des BRICS, l’Afrique du Sud devrait faciliter un engagement africain plus important au sein du processus des BRICS, notamment avec la Nouvelle banque de développement, qui peut faciliter l’accélération du développement économique en Afrique et dans le Sud mondial.

Pour le Sommet des BRICS à Johannesburg au mois de juillet, l’Afrique du Sud a souhaité renforcer et étendre le système des BRICS en invitant d’autres pays africains et d’autres pays en développement à contribuer et à participer par le biais du système de dialogue des BRICS et le processus BRICS-Plus. Les Sud-Africains sont enclins à ce que les BRICS soutiennent l’industrialisation et la construction des infrastructures, mais également à ce qu’ils facilitent la pleine participation de l’Afrique à la Quatrième révolution industrielle. D’autres questions sur lesquelles les Sud-Africains espèrent des progrès incluent la coopération des BRICS sur le maintien de la paix en Afrique, la promotion de l’égalité des genres, le tourisme intra-BRICS, les investissements intra-BRICS et l’amélioration des mécanismes de la santé. Par ailleurs,l’augmentation prévue des interactions entre les BRICS et l’Afrique devrait soutenir et développer le Plan national de développement de l’Afrique du Sud, ainsi que le programme de développement de l’Union africaine baptisé « Agenda 2063 ».

L’adhésion aux BRICS offre à l’Afrique du Sud plus de poids pour développer sa coopération économique et politique à travers le monde, bénéficiant ainsi à l’Afrique dans son ensemble. Il est à espérer que l’Afrique du Sud parvienne à tirer avantage de sa position unique lors du Sommet des BRICS à Johannesburg.

La coopération Sud-Sud

En tant que partenaire clé au sein des BRICS, la Chine a confirmé son intention d’accélérer la coopération Sud-Sud et le développement économique mutuel. L’augmentation du commerce entre la Chine et l’Afrique permettra de faire progresser le développement du continent africain et de donner de la substance aux objectifs des BRICS consistant à renforcer les interactions commerciales Sud-Sud pour des bénéfices mutuels. Malgré les défis qu’il y a à investir en Afrique, des progrès importants ont été réalisés dans la transformation du continent en une destination positive d’investissement.

Le développement du partenariat entre les BRICS et l’Afrique offre une opportunité significative pour la croissance économique à long terme. À court terme, la tâche est de développer les dialogues appropriés en B2B (business to business) et les processus de partage de l’information, afin d’accélérer le commerce et l’investissement au sein des BRICS. Cela permettra d’aider à contrer la tendance déstabilisante à l’antimondialisation et au protectionnisme. L’accélération de la croissance durable dans les pays en développement devrait être motivée par un impératif moral de faire face à la pauvreté et d’accomplir les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU aussi rapidement que possible.

Les récentes tendances montrent que les relations sino-africaines progressent de façon très positive, en se basant sur une vision de la communauté au futur partagé, du soutien mutuel et de l’égalité basée sur une lutte historique commune pour la libération nationale. Par ailleurs, la Chine soutient l’Afrique, pour qu’elle devienne un acteur essentiel dans un monde multipolaire.

L’alignement stratégique plus étroit entre les BRICS et les autres mécanismes principaux de coopération économique, comme le Forum sur la Coopération sino-africaine(FCSA), la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures et l’initiative des Nouvelles Routes de la soie, offre un réseau mondial innovant pour faire progresser le développement commun et la prospérité.

Les opportunités BRICS-Afrique

Alors que les économies des BRICS continuent de croître, l’augmentation de l’engagement commercial avec l’Afrique offrira au continent de nouvelles perspectives pour le commerce et l’investissement. Le défi pour l’Afrique est de saisir les opportunités et de tirer pleinement avantage des programmes de commerce, d’investissement, d’échanges culturels et d’assistance. Dans ce contexte,la clé du succès pour l’Afrique dépend de la réponse appropriée du continent dans sa façon de gérer ses propres entraves à la croissance, comme les faibles niveaux de productivité, les coûts élevés de transaction, un faible accès au marché et un climat peu propice aux investissements. Le défi de l’Afrique est de créer des conditions favorables pour les flux entrants d’investissements directs étrangers. Le cadre permettant le succès de l’agenda du développement pour le continent inclurait des politiques stimulant la croissance, des systèmes inclusifs de gouvernement, l’amélioration de la gouvernance politique et entrepreneuriale, le renforcement des mécanismes de résolution des conflits et des pratiques de travail plus concurrentielles.

Le développement des BRICS sera vraisemblablement lent et graduel, mais soutenu par la croissance économique solide des économies émergentes. Il devrait apporter une contribution nouvelle et positive à l’évolution du système international. Le défi principal pour les gouvernements africains est de s’assurer que les interactions avec les BRICS soient mutuellement bénéfiques, à la fois sur les plans politique et économique.Tandis que les BRICS basent leurs politiques sur l’amitié et la solidarité historique et qu’ils recherchent une relation gagnant-gagnant avec l’Afrique, la gestion des relations pour accomplir cela reste exigeante. Au niveau mondial, un effort conjoint pour remanier la mondialisation et les institutions économiques internationales peut permettre de faire avancer les intérêts de l’Afrique et des BRICS.

Des économies complémentaires

Une approche globale et positive aux investissements des BRICS, mise en œuvre par les gouvernements africains, contribuerait largement à assurer une relation gagnantgagnant. Une étude du FMI confirme le rôle critique de la Chine dans la génération de la croissance économique mondiale, par le biais de son importance grandissante dans les importations de produits de nécessité, de biens et de services. Les pays en développement bénéficient directement de l’augmentation des exportations vers la Chine et sont capables de générer une nouvelle croissance grâce à sa demande toujours plus grande.

Les BRICS, parallèlement au FCSA et à l’initiative des Nouvelles Routes de la soie,peuvent renforcer et accélérer ce processus. Les liens commerciaux au sein des BRICS suggèrent que la coopération commerciale intra-BRICS est forte, mais qu’il reste encore un potentiel significatif pour l’expansion et la croissance. Un effort spécifique pour promouvoir les liens entre les BRICS et l’Afrique, et tout particulièrement le commerce sino-africain par le biais des BRICS, aurait un impact positif majeur sur la croissance économique du continent.

L’adhésion aux BRICS offre à l’Afrique du Sud plus de poids pour développer sa coopération économique et politique à travers le monde, bénéficiant ainsi à l’Afrique dans son ensemble. Il est à espérer que l’Afrique du Sud parvienne à tirer avantage de sa position unique lors du Sommet des BRICS à Johannesburg. CA